Ils arrivent, ils sont là ! De tous les horizons, ils sont venus. Colin, Colin Muset, vous aviez disparu, vous, l’enchanteur à la vielle, les seigneurs divertis vous ont-ils enfin payé vos gages ? François
Villon, vous êtes de retour ! Entrez, François, vous n’avez pas vieilli, vous avez toujours trente-trois ans, on ne nous a pas menti, et votre Testament, le voici, intact, François : «Hé! Dieu, si j’eusse estudié au temps de ma jeunesse folle et à bonnes mœurs dédié, j’eusse maison et couche molle, mais quoi? je fuyois l’escolle… »
Ô bonheur, il est venu aussi, celui qui vous édita, vous sauva de l’oubli : Clément Marot : « Dedans Paris, ville jolie…» Oui, c’est bien lui, on dirait qu’il sifflote toujours quelque trouvaille. Ah! Que les poètes ne sont-ils tous comme Marot, joyeux, malins et drôles, à donner le tournis.
Regardez, la fête continue… Voici Pierre de Ronsard, et Du Bellay, environnés de leurs petits sonnets qui papotent entre eux dans les mémoires vagabondes : « Heureux qui comme Ulysse...» dit l’un; et l’autre de répondre : « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle...» Agrippa, passez, Agrippa d’Aubigné, les cent pendus de Blois ont été bien vengés.
Alors, Malherbe, on désherbe la langue? Toujours penché sur le bon grain et sur l’ivraie, vous nous avez pourtant écrit de belles choses : «Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses...» Racine, cher Jean
Racine, demeurant rue des Marais-Saint-Germain et des bonheurs perdus, vous êtes venu en voisin des déroutes du cœur : «Ariane, ma sœur, de quel amour blessée...» Chénier, André, approchez, savez-vous que votre Jeune captive a survécu, pendant que vous montiez à l’échafaud, sous nos regards encore désolés, consternés?...
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