Vous y êtes ! Dans quelques mois, pour la première fois de votre existence, vous allez vous retrouver face au monstre ! On vous en parle depuis des années, ceux qui l'ont affronté l'évoquent devant vous avec des airs convenus, comme des initiés, survivants d'une terrible épreuve ; et maintenant, c'est à votre tour : vous allez passer le bac de français !
Au mois de juin, alors que certains penseront déjà aux vacances toutes proches, et que la chaleur et la lumière signaleront l'imminence de l'été, vous devrez garder la tête froide, vous concentrer et vous préparer à l'épreuve. Des masses d'informations à retenir, des biographies entières à mémoriser, des cours d'histoire littéraire à apprendre par cœur, des exercices de dissertation, de commentaire littéraire, d'écriture d'invention, à réaliser tous les jours, des soirées entières passées à déchiffrer vos notes de cours, les week-ends sacrifiés à lire des textes obscurs, bref une plongée en enfer qui sera au moins dix fois plus pénible le jour de l'examen.
À l'écrit tout d'abord : 4 heures à sécher devant sa copie sur un sujet qu'on n'a pas préparé, le manque de temps, le devoir inachevé arraché par l'appariteur irascible à l'issue de l'épreuve, les regrets a posteriori.
À l'oral ensuite : arrivé(e), après une mauvaise nuit, avec votre convocation à 8 heures du matin dans un couloir de lycée, rien dans le ventre, l'estomac noué par le trac, vous attendrez deux heures avec des compagnons d'infortune, vous verrez défiler les visages décomposés des candidats qui vous ont précédé(e) dans l'antre du monstre ; et puis, vous entendrez une voix de stentor hurler votre nom; vous avalerez votre salive et vous ferez le grand saut dans l'effroyable.
Stop.
Fin du cauchemar.
