Rassurez-vous : vous ne retournez pas à l’école, au lycée ou à l’université ! Votre statut dans ce livre est celui d’un invité ! Invité chez Villon, chez Montaigne, chez Corneille ou Racine ; invité chez Voltaire, chez Rousseau, chez Hugo, chez Proust, et même chez Gavalda !
Partout, vous êtes accueilli, partout, on vous espère, on vous attend ! Parce que vous êtes un personnage, un grand personnage-« un VIP », diraient les Anglo-Saxons ! Et vous l’ignoriez ! Mieux : vous êtes un personnage de roman ! Non pas celui qui vit, qui meurt de page en page, mais celui à qui l’auteur écrit : le lecteur. Ce n’est pas n’importe qui, un lecteur, et les auteurs le savent ! Ils n’ignorent pas que leurs héros, tout forts et beaux qu’ils soient, ne vivent ou ne survivent que d’un regard : le vôtre ! Ils n’ignorent pas que vous pouvez, quand vous le voulez, faire usage d’une arme redoutable – vous êtes des milliers à la posséder- : l’indifférence ! Et vous qui lisez ces lignes, soudain, vous allez peut-être vous découvrir un passé d’assassin ! Peut-être avez-vous supprimé, en un seul refus de lire, deux champions de la passion :
Rodrigue et Chimène ! Peut-être avez-vous descendu, dans votre cave ou votre box, à l’ombre, discrètement, la plupart des personnages de Balzac, ceux de Zola, et même le pauvre Toine, de Maupassant ! Et récemment, pensez-vous que votre dernier forfait soit passé inaperçu : l’étouffement délibéré du héros du roman de………, publié chez……… (écrivez vous-même le nom de votre victime dans les espaces en pointillés) ? Bien sûr, vous n’êtes pas venu ici pour qu’on vous fasse des reproches, ou la morale ! Répétons-le, vous êtes un invité. Vous en avez tous les privilèges : vous asseoir dans l’intimité de ceux qui vous attendent et qui vous ont préparé un petit extrait de leur œuvre, une petite anecdote de leur cru ! Mais vous possédez aussi le léger défaut de certains convives : celui d’arriver en retard ! On sait bien que vous n’avez jamais voulu descendre
Rodrigue et Chimène, pas plus que Vautrin ou Lantier, ou tout autre héros qui aurait tenté de vous échapper ! Vous avez simplement pris votre temps pour arriver, voilà tout ! Ne vous inquiétez pas si au début de ce livre, dépourvu de votre indifférence, vous vous sentez un peu désarmé. C’est un symptôme normal – celui de la naissance ou de la renaissance des grandes passions.
Allez, ils vous attendent !
Soyez le bienvenu dans la littérature française !
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